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Le chemin des morts, par François Sureau

Le chemin des morts, par François Sureau, Paris, Gallimard, 2013, 55 pages, 7.5 €.

 

C’est un tout petit récit mais il ne laisse pas indemne.

Dans une autre vie, François Sureau, aujourd’hui avocat à Paris, a été auditeur au Conseil d’État. En cette qualité, il a été amené à siéger au sein de la Commission de recours du droit d’asile, équivalent, mais avant la lettre, de notre Conseil du contentieux des étrangers.

Il y a vu la règle s’affronter à la justice, la raison d’État à la raison, la machine à l’homme.

Javier Ibarrategui, un dissident basque modéré, eût à comparaître devant lui au moment où, le Franquisme ayant cédé, l’Espagne retrouvait sa place au sein des Nations démocratiques. Ibarrategui se disait en danger de mort s’il devait rentrer au pays. C’était l’époque où les sinistres G.A.L. (Groupes antiterroristes de libération) œuvraient encore en toute impunité.

Qui fallait-il condamner : l’Espagne ou l’homme qui était devant lui ?

Ce jour-là, la décision prise n’était sans doute pas la bonne. Comme, de nos jours, lorsque nous renvoyons un Afghan ou un Syrien se faire tuer chez lui…

Ibarrategui n’est pas tout à fait mort, cependant. Il revit en François Sureau. Il est à ses côtés chaque fois qu’il hésite entre courage et lâcheté, entre confort et engagement. Comme un moteur auxiliaire.

Le chemin des morts c’est la chute des pensées serviles.

Un livre qui devrait être distribué à tous ceux qui prêtent serment…